lundi 21 janvier 2013

Comment devenir un écrivain riche et célèbre (2/5)

Je rappelle à toutes fins utiles que je ne suis ni riche, ni célèbre, ni même écrivain, ce qui me confère sur le sujet évoqué une légitimité équivalente à celle de Lio quand elle essaie de parler de talent.

Vous qui cherchez néanmoins le moyen infaillible de devenir un écrivain riche et célèbre, passez par l'étape 1, ne recevez pas 20 000 et suivez le guide :

Étape 2 : Verrouillage

Bon. Tu es un lecteur (oui, je te tutoie, tu es des nôtres, désormais). Un agneau parmi les loups. Tu es infiltré. Les gens de l'Univers Littéraire Microcosmique te connaissent de vue, et ils te disent bonjour. Tu achètes les dernières nouveautés des maisons d'édition que tu cibles. C'est bien. Tu discutes avec les éditeurs, auteurs, illustrateurs, critiques, chefs de collection. C'est mieux. Si tu n'es pas un handicapé social, tu arrives à faire illusion, genre hi hi, wah wah, qu'est-ce qu'on s'éclate, je m'intéresse à vous parce que vous êtes trop cools (et donc moi aussi), et non parce que je peux en retirer un avantage à terme.
Alors, le plus efficace, c'est de donner un coup de pouce au destin, de forcer la main sa chance. Il faut apporter son aide. Participer à l'organisation. À la logistique des festivals. Reprendre la todo list de l'étape 1. La phase est délicate. Les gens peuvent commencer à savoir que tu écris. Mais pas vraiment sérieusement. Plutôt parce que tu admires tellement des vrais auteurs (comme eux) que tu ne peux pas t'empêcher de faire (comme eux), d'aligner des mots sur la page. 5 ans plus tard, tu jureras tes Grands Dieux que déjà au berceau, ta mère te lisait Deleuze. Mais là, le but est de paraître inoffensif. Et puis, un bon contact, un éditeur vaguement naïf, ou une relation que tu as su (ré)activer au bon moment, et hop, tu tiens ta première publication. Si tu peux regarder le sommaire de ta grande première en te demandant ce que tu fous là, comment on a pu te laisser une place au milieu des cadors du genre, alors tu tiens le bon bout.

À ce stade, un atout indéniable se détache, qui te fera gagner de précieuses années dans ta quête de célébrité littéraire. Tu ne dois pas avoir de vrai travail. Ni avoir besoin de travailler pour subsister. Au choix : papa paie ton loyer (durablement), ton conjoint roule sur l'or, tu as hérité de mamie Gélatine, maman t'a réservé les jetons de présence du Conseil d'Administration de sa boîte. Tu dois pouvoir crier que tu rêves d'être écrivain à temps plein, et que tu es prêt à tous les sacrifices pour ça. C'est sûr, c'est plus facile quand on n'a pas besoin de gagner sa vie.
Au pire du pire, si vraiment tu ne parviens pas à faire autrement, sois enseignant. L'endurance orale te sera précieuse lors des salons, festivals, rencontres, dédicaces, tractations éditoriales.

Voilà. Mais, chers lecteurs... je vous sens déçus. Vous en êtes déjà parvenus à ce stade ? À force de ténacité et de crocs-en-jambe, vous vous êtes verrouillés sur votre objectif comme un parasite sur un hôte récalcitrant ? Vous vous demandez que faire désormais ?

Pas de panique, vous trouverez toutes les réponses dans notre prochaine édition : étape 3, contamination.

4 commentaires:

  1. Je suis toujours aussi client !
    Envoie le jus, y me reste du pain pour saucer...

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    1. Ok, pas de souci.
      Semaine prochaine, même heure, même place.
      N'oublie pas de garder de la place pour le fromage et le dessert...

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    2. Gaffe, c'est un gourmand, le Pagan !
      Je prendrais bien un peu de calendos aussi, s'il y en reste...

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    3. Sans souci, ne boude pas ton plaisir ! Et puis, moi, je suis normand : le fromage, c'est la meilleure partie du voyage...

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